Premières elles [1-Noa]

Je suis attachée sur le grand lit de la chambre d’hôtel, nue et écartelée. Mon amant me contemple et moi, je suis rêveuse. Combien d’hommes sont venus prendre ma bouche ou tout ce qu’il m’ordonne de donner ? Je ne peux les compter. Je ne suis ni pour, ni contre. Ce que je désire seulement c’est voir briller ses yeux et quand il m’ « offre » ainsi, il est le plus heureux. Ses invités, je ne les regarde pas. A travers leurs corps c’est mon homme qui me baise.

Son téléphone vibre, il consulte le message :

— Noa est là. Je vais bander tes yeux. Tu n’auras rien à voir et juste à ressentir.

Il entoure ma tête d’un bandeau de satin noir qui occulte ma vue et tire le rideau qui sépare le lit de l’espace salon. Je suis prête.

La porte s’ouvre, je les entends entrer. Mon amant parle, l’invité ne répond pas. Sophie est derrière cette tenture, elle vous attend patiemment. Vous pouvez vous changer ici, prenez votre temps. Voulez-vous boire quelque chose ? Des froissements de tissu, un silence, un baiser ? Les visiteurs, d’habitude, se hâtent davantage et gardent leurs vêtements, du moins les premiers instants.

Le crissement du store, me voilà dévoilée. Des mains se posent sur mes jambes et remontent vers mes hanches. Le geste est lent, la pression sur ma peau assurée et cette douceur. Les mains se rejoignent sur mon ventre puis enserrent ma taille. Sans qu’aucun mot ne soit prononcé j’entends Je me présente à toi. Tu vas m’appartenir et tu n’as rien à craindre. Je me sens bien.

L’invité est agenouillé entre mes cuisses mais ses jambes ne me touchent pas. Je ne sens que ses mains qui glissent vers mes seins, les entourent, les englobent, les éveillent. Je soupire longuement et me cambre pour m’offrir davantage. Les doigts pincent mes tétons, je comprends reste calme.

— Voulez-vous la doigter ? Je crois qu’elle est mouillée.

Privée de la vue, allais-je songer que ces mains et moi étions seules au monde ? Le maître de cérémonie se rappelle à nous. Les mains n’obéissent pas, elles restent sur ma poitrine.

Oh oui, je mouille. Mon sexe fourmille, tressaille, se tend. Le corps s’incline vers moi et sa bouche prend mon sein. Ses lèvres se referment et des cheveux soyeux tombent sur mon visage. La langue change de sein et je suis enivrée : les boucles sentent le musc, la mûre, la vanille ! J’ouvre la bouche, je veux les goûter et c’est un baiser qui vient. Une langue de soie s’enroule avec la mienne. Et ce parfum !

Je tire sur mes liens, je veux toucher le corps. Les mains retirent mes entraves et je tends les bras. J’étreins un dos fin, une taille souple et des fesses moelleuses. Je descends et trouve des bas nylons. Je reviens aux cheveux, d’une douceur à pleurer. Je prends le visage entre mes mains, l’attire contre le mien, je suis assoiffée de cette bouche. Elle s’écroule sur moi, ses seins contre les miens. J’arrache mon bandeau.

Dieu que Noa est belle.