Siècle dix-neuf
- Camille Sorel
- 29 déc. 2021
- 2 min de lecture
Dernière mise à jour : 31 déc. 2021
Il fait nuit, c’est l’automne. Mon GPS indique que je suis arrivée mais je ne vois rien. Je me gare devant un grand portail. Sur le pilier de briques, une plaque. « Château de Costemore ». C’est là. Tu as réservé une chambre pour abriter nos étreintes et je suis sensée entrer. Dois-je ouvrir ce portail moi-même ? Un désagréable frisson parcours mon échine, je ne me sens pas bienvenue.
C’est jour de mauvais choix, alors au lieu de t’attendre au bord de la route, j’ouvre les grands battants de fer, avance ma voiture sur l’allée obscure, referme les grilles derrière moi et me gare dans le parc.
La nuit est épaisse mais je devine la bâtisse derrière les arbres. Je marche sur des branches aux craquements sonores. C’est une immense maison, un cube à l’harmonie discrète. La porte est déraisonnablement haute. Une cloche est suspendue. Je ne vais pas la heurter en pleine nuit. Il faut que je pousse ces battants. Et si ce n’est pas le bon endroit ? Entrerai-je chez des inconnus ? Tu m’as dit « C’est un château du 19eme siècle». Qui peut bien vivre là ?
Je respire un grand coup, tourne la poignée et pousse l’imposant panneau de bois qui grince en s’écartant. Je me retrouve dans un hall qui s’ouvre vers un immense escalier de pierre. Sur une table près de moi, une lampe éclaire des clés longues comme la main. J’ai peur. Je ne sais pas ce qu’il convient de faire lorsqu’on a rendez-vous pour un amour secret la nuit dans un château.
Quelques minutes plus tard, dans un fracas de feuilles foulés, tu arrives d’un pas vif et me trouve assise sur le perron genoux entre les bras.
Tu me serres contre toi. Enfin, je ne suis plus seule !
J’assure que je vais bien mais je mens un petit peu.
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