Les amoureuses [3-Chiara]
- Camille Sorel
- 31 mars 2023
- 2 min de lecture
Dernière mise à jour : 30 avr. 2023
Mon Dieu, un écrivain.
Un vrai, un qui en vit et parle à la télé.
Il me tombe dessus la nuit du Prix de la Nouvelle Érotique. Il s’agit de rédiger en huit heures un texte selon une consigne dévoilée à minuit. Pour ne pas m’endormir et boucler mon travail, je reste connectée toute la nuit et j’échange mes impressions avec les autres participants grâce au hashtag consacré sur les réseaux sociaux.
Je reçois son premier message vers deux heures : "êtes-vous inspirée ?".
Je n'en crois pas mes yeux : c'est un auteur célèbre ! Son compte est peut-être un fake alors je le bombarde de questions. Damned, aucun doute, il est vraiment lui.
Il participe au concours sous pseudonyme discret. Il a croisé mes publications et parcouru mon blog. Il aime bien mes textes et va lire mon roman ! La chance de ma vie !
Le lendemain je dévore deux de ses best-seller. Je suis admirative, c’est excellent.
Je lui demande des conseils et il me propose un jeu. Je dois écrire une scène de sexe dans laquelle un arbre joue un rôle principal. C’est Le pin d’Alep. Écrire pour lui me donne des ailes !
Puisque je rêve éveillée, je ne me refuse rien : accepterait-il de rédiger avec moi une correspondance fictive ? Il accepte immédiatement. Il dit que son inspiration est tarie et que nos échanges le stimulent. Nous commençons une histoire de séduction à quatre mains. Chaque lettre est plus crue que la précédente. La relation se noue, le Maître et la novice, réelle et fictive.
Il est invité au Quai des Polars, c'est son domaine littéraire. Il dort seul à l’hôtel et nous passons une nuit à parler. Les vibrations de sa voix m'affolent comme des caresses. La deuxième nuit, il m’envoie une photo... de sa main. Je suis bouleversée. À force de regarder ses images officielles, j’avais figé son apparence. J'observe sa peau, offerte, juste pour moi, avec ses tâches de rousseur. La puissance érotique de cette photo me rend dingue. L'écrivain prend corps.
Je le préviens que je ne suis pas belle, du moins, pas au sens classique. Mon corps est désirable mais mon visage, ingrat. Il me veut me voir, pourtant. Quand viendrai-je à Paris ?
Je réserve des billets. Théâtrale, je déclare que je le rejoindrai où il me dira d'aller.
La veille : « Je vous attendrai demain à partir de midi dans une chambre de ce fameux hôtel aux plafonds en miroirs. Ne me dites pas si vous viendrez. Je veux vous attendre sans savoir. »
Le désir retombe comme un ballon crevé. Tout ça pour me baiser.
Je n’y suis pas allée. Il ne me parle plus.
Les véritables passions se vivent au-delà des corps...
L' Amour véritable ne demande rien ...
Votre plume est magnifique, enchanteresse.