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Sommeil

  • Photo du rédacteur: Camille Sorel
    Camille Sorel
  • 28 déc. 2021
  • 2 min de lecture

Paul a demandé à Agnès de le rejoindre à la maison et de se montrer compréhensive face à l’événement. - Qu’est-ce qu’il se passe ? - Viens, c’est dans le salon.

Elle suit son mari. A l’intérieur, il lui désigne une femme sur le canapé. - C’est qui ? Qu‘est-ce qu’elle fait là ? - Tu peux parler plus fort, elle ne se réveille pas. C’est Lucie. Ma collègue… enfin, tu sais… - Elle ne devait jamais venir à la maison, c’était le deal. - Elle n’est pas venue. Enfin, sauf aujourd’hui. Écoute, je n’y comprends rien : je l’ai trouvée endormie dans le jardin.


Paul raconte. Il devait être quinze heures, il rentrait d’un déjeuner. Il n’avait reçu aucune nouvelle de sa maîtresse depuis le matin et s’en inquiétait un peu. Il avait manqué trébucher sur le corps en sortant de sa voiture. Il avait crié, la croyant morte, avait saisi ses épaules pour voir son visage. Elle respirait. De grandes inspirations, souffle fin. Elle avait jeté son trench-coat sur le sol et s’était couchée dessus, en chien de fusil, la robe repliée derrière les genoux. Il avait cru à l’ivresse, à la drogue mais visiblement rien de tout ça : elle dormait.


Agnès accuse le coup et sans cesser de fixer la femme, évalue le récit. Théoriquement son mari ne lui ment plus. Depuis qu’ils se sont déclarés couple libre, la confiance règne entre eux. Elle décide de le croire, mais que faire du fardeau ? Elle soupire.

- Comment est-elle arrivée jusqu’au canapé ? - Je l’ai soulevée, elle s’est accrochée à ma taille et a marché. Puis je l’ai déposée là et depuis elle ne bouge plus. - Donc, on peut la réveiller. - Essaye… - J’aurais préféré faire sa connaissance autrement.

Agnès s’approche. Prononce le prénom de l’amoureuse. Le répète un peu plus fort, pose une main sur la joue, tapote doucement. - Elle a sûrement pris des médicaments, on appelle les pompiers. - Les enfants vont rentrer, ça va faire toute une histoire. Elle finira par se réveiller, non ? - Après tout, c’est ton problème.

Elle quitte la pièce et Paul s’assoit près du corps.

Il prend la main et parle : « Hélène, ma chérie ». Ça lui fait bizarre de dire ces mots ici. Il caresse les cheveux, il lui semble qu’elle sourit. Elle n’ouvre pas les yeux.

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